Je suis Charlie

Nous sommes Charlie.

Nous n’avons pas peur.
Nous ne nous tairons pas.
Nous pouvons rire de nous-même, car nous sommes libres.
Nous pouvons vivre ensemble, car nous ne nous haïssons pas.

La violence et la haine, sous toutes ses formes, ne sera pas acceptée, la censure et l’obscurantisme ne font que nous unir un peu plus, et nous convaincre que les extrémismes doivent être combattus.
Aucune religion, aucun culte, aucun dogme ne cautionne le meurtre et l’autojustice, toutes le communautés sont unanimes pour condamner ces actes de fanatisme hystérique et de barbarie imbécile.

En tant que dessinateur, je me sens heurté de plein fouet par l’exécution de mes confrères de Charlie Hebdo. J’ai été choqué, désarmé, j’en ai pleuré, outré par la violence aveugle dirigée contre ces hommes qui dessinaient, qui mettaient en images des idées et des opinions qui étaient les leurs.

Je n’aimais pas beaucoup Charlie Hebdo et son humour, très brut, frontal, sans compromis et ouvertement provocateur.
Mais ils fustigent à égalité les déviances de toutes les structures de pensée organisée, toutes les religions, les tendances politiques, tous sont éclaboussés à égalité par leur verve irrévérencieuse.
C’est un droit inaliénable de notre nation que de pouvoir s’exprimer sans crainte, et c’est un devoir de pouvoir rire de soi-même et de ses propres convictions.
Je n’aurais sans doute pas eu le courage de continuer mon travail dans les conditions de menace dans lequel Cabu, Charb, Wolinski et Tignous ont persisté à défendre leurs opinions. Ils étaient un exemple, et sont maintenant devenus des symboles de la lutte pour la liberté de s’exprimer. Cette attaque, loin de nous faire taire, nous prouve au contraire l’importance vitale de notre métier et la portée des idées et idéaux que nous portons du bout de nos crayons.
Ces assassinats en décourageront certains, mais en auront convaincu beaucoup d’autres de continuer et d’intensifier la dénonciation de la barbarie et de la pensée dirigée.

« La gravité est le bonheur des imbéciles », écrit un jour Montesquieu, et ces mots prennent pour moi un sens nouveau à la lumière du massacre de Charlie Hebdo, car qui n’est pas capable d’avoir le recul et la lucidité nécessaire à rire et à accepter le rire s’offre lui-même au fanatisme et à l’obscurantisme. Le rire, la parodie, la caricature sont nécessaire pour nous rappeler nos défauts et nos déviances, elles offrent la possibilité d’un autre regard et d’une réflexion sur nous-même et sur ce en quoi nous nous identifions.

Aujourd’hui, je suis fier de mon métier, et me sens d’autant plus investi dans cette vocation de transmettre des histoires et des messages de rêve, d’enseignement et de liberté d’esprit qui est la mienne.

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